Conférences du Musée des Beaux-Arts
Autoportrait. Le mot n’apparaît qu’au 19ème siècle, à l’époque du Romantisme, quand se dessine une nouvelle conscience du « je », du « moi ». Avant cela, on disait « portrait de l’artiste par lui-même ». Pourtant, le miroir, instrument indispensable à l’autopor-trait, pose bien, dès son apparition, la question de la connaissance de soi. L’autoportrait est un aveu dans lequel entrent en jeu la vie, la place sociale, la foi, l’ambition de l’ar-tiste, sa technique et ses défis. L’autoportrait est un genre qui raconte autant le peintre que la peinture.
C’est au XVème siècle que l’on assiste à l’essor de l’autoportrait. Or cet élan est lié à des progrès d’ordre technique (la mise au point du miroir de verre et le perfectionnement de la peinture à l’huile), ainsi qu’à des changements dans les mentalités (l’humanisme et l’évolution du statut social et intellectuel de l’artiste).
Aux 17e et 18e siècles, le nombre d’autoportraits augmente. Certains peintres en réalisent même plusieurs tout au long de leur carrière (Rembrandt est l’exemple le plus célèbre). Sont-ils le reflet ou le résultat d’une conscience de soi ?
Résultent-ils d’un processus de formation de l’identité ? Constituent-ils une quête consciente et progressive de l’identité individuelle ?
Les autoportraits se font souvent intimes et psychologiques, frappants par leur présence et leur profondeur intellectuelle, comme ceux de Chardin.