Le jour où le nazisme s’est introduit dans leurs vies Bertolt Brecht vit en exil en Scandinavie lorsqu’il entame l’écriture de cette pièce de théâtre
Opposé au régime nazi, le dramaturge y raconte la montée du fascisme en Allemagne entre l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933 et la déclaration de guerre en 1938. Dans une série de vingt-quatre tableaux, il montre comment la peur d’autrui s’est infiltrée dans toutes les couches de la société, et a très rapidement gangréné les rapports humains.
Frappée par la force de cette oeuvre qui résonne avec notre actualité, Julie Duclos porte au plateau treize de ces tableaux, interprétés par dix comédiens. Dans un décor sans cesse en mouvement, nous découvrons des situations inextricables. Celle d’une femme juive qui décide de quitter son mari médecin pour ne pas faire de tort à sa carrière. Ou celle d’un homme qui, après avoir prononcé une remarque sur le parti, craint que son fils le dénonce aux Jeunesses hitlériennes.
Dans une mise en scène axée sur le jeu d’acteur, mêlant musique et vidéo, chacun est scruté dans ses stratégies de survie. Terreur, censure, délation traversent ce texte majeur du XXe siècle. Un écrit considéré par son auteur davantage comme un avertissement qu’un acte d’accusation.